31.8.17

1148 - Manger liquide

Bon, ça va mieux - à part le mal de tête, ça devient lassant ces apéros qui dégénèrent - même en très bonne compagnie.

Pourquoi je te parle de ça ? Il y aurait plein d'autres trucs à dire, sur les projets, les admirations, les débuts, les reprises. Nan, je te parle de gnôle. Un peu contre mon gré - je suis là pour faire un post sur les escaliers et les premiers chapitres. Tiens, d'ailleurs,

Les escaliers sont en carton, comme quoi la chanson raconte n'importe quoi



Hein, voilà, n'en parlons plus.

J'allais te dire que j'ai perdu dix kilos à la mort de mon père et que je suis en train de les reprendre, en particulier parce que j'ai quelques difficultés avec ma consommation d'alcool. Mais on s'en fout, non ? On n'est pas là pour.

L'écrivain va bien, il est content. Il a trouvé son angle, une voix, le premier chapitre est en cours de tapuscritation, les personnages se développent et la recherche est passionnante.

Mais moi... non, pas "mais". Moi, à côté, j'ai un tout petit souci avec moi-même. Quelque chose qui tient de l'addiction, de la dépression, ou peut-être d'une émotion méconnue, la péribilité - le sentiment que cesser de s'enivrer d'actions, de travail, d'alcool ou de paroles comporte le risque de choir dans une dépression profonde et morbide. Bref, ça tient de la peur d'avoir mal.

Zut, jui désolé, mais apparemment ce post a des visées thérapeutiques. Je crois qu'il vaudrait mieux que tu n'aies pas commencé pas à le lire. Je ne sais jamais si tu es 23 ou 1054 à passer par là, ou si tu n'es qu'un clic de robot, j'ignore si tu me connais dans la vraie vie ou si tu as juste lu un truc qui t'a fait penser que ; mais, vois-tu, ce blog fonctionne parfois comme le carnet de révision d'une voiture qui carbure comme elle peut. Donc, arrête-toi là, le reste ne concerne que moi.

Je pensais sincèrement en avoir fini avec mes côtés exhibitionnistes, et voilà que. Après tout, chacun poste sur facebook des photos de son chat, de ses gosses, de ses vacances. Moi, je te passe une rapide description de cette lézarde que j'observe en moi-même, en particulier les matins de soirées difficiles. J'espère que tu me le pardonneras.

Mon corps n'est pas à moi, pas tout à fait. Je le regarde depuis quelques décennies sans vraiment le comprendre. J'aime bien mes mains, que je vois souvent - parce qu'une femme les trouve belles. J'ai découvert mon crâne tardivement, alors que ma mère l'avait toujours pronostiqué difforme ; c'est aussi par le regard des autres que j'ai perçu mes jambes - trop grosses quand j'étais petit, musclées quand je faisais du vélo et du rugby, belles un été au parfum d'adultère. T'ai-je dit que longtemps j'avais refusé de porter des shorts pour ne pas qu'on les voie ?

Je ne vais pas continuer à me foutre à poil (c'est sur un site payant réservé aux adultes), mais je n'ai jamais été ravi de mon ventre, sauf dans les moments où je fumais du cannabis - dont c'était un de mes effets préférés, d'ailleurs, ça me le rendait supportable.

Et écrire, peut-être, c'est regarder ce qu'on a dans le bide. Ma p'tite soeur préférée me l'a dit un jour, Putain Manu je sais pas comment tu fais pour foutre à chaque fois tes tripes sur la table. J'ai décidé de prendre ça pour un compliment (toutefois, j'évite depuis de me répandre de façon trop sanguinolente). Mon éducation post-freudienne m'incite à chercher à tout ça une cause fondamentale, un traumatisme, un abus refoulé ; mais j'ai fini par penser que c'est juste un fonctionnement aux influences multiples.

(Vraiment, j'insiste, je voulais juste écrire "Finalement, ce premier chapitre avance bien" et donner des conseils super utiles pour fabriquer des romans).

J'ai lu ce matin des textes sur la violence dans l'éducation d'Alice Miller et de son fils Martin. Curieusement, dans une interview en anglais, ce dernier semble continuer, sept ans après sa mort, à creuser l'immense traumatisme qu'il a subi de la part de cette mère qui écrivait pour libérer les enfants et espionnait son fils via le thérapeute de celui-ci. On en vient à douter de ce qu'il raconte - que sa mère a épousé l'homme qui la faisait chanter sur ses origines juives en Pologne, le père de Martin, donc.

C'est peu crédible, comme si j'écrivais "Mon père m'a donné des fessées qui m'ont poussé à le haïr parfois et m'ont en partie dégoûté de mon corps, et pourtant je l'ai aimé très fort et j'écris encore un livre qui parle de notre relation ou en tout cas s'en inspire". Tu vois, ce serait moche - et au moment où j'écrirais ces mots j'aurais les larmes aux yeux, des larmes d'alcoolique qui s'apitoie sur son sort et enjolive ses minables traumatismes d'enfant trop gâté.

Sinon, toi, ça va ?
Je ne me souviens plus de l'endroit où j'ai pris cette image


C'était le deuxième conseil pour l'écrivage d'un livre (et j'ose espérer une gestion plus saine des addictions) : creuse un peu pour voir si les fondations sont saines. Ce sera mieux pour continuer.



Et toutes mes plus plates, ce post est parti pendant que je nettoyais ma tête.



En arrière-pensée, je me dis qu'il serait juste d'avouer aussi qu'il m'est arrivé de frapper mes fils et de me mettre contre eux dans des colères qui n'avaient rien de justifié. Si un jour ils lisent ces lignes, j'espère qu'ils pourront me le pardonner. Moi, je me trouve des excuses, mais ce n'est pas suffisant.

Insère ici une blague pour détendre l'atmosphère.











3 commentaires:

estèf a dit…

Pardon, j'ai lu jusqu'au bout, sans être un robot. J'hésite à retourner voir la psy pour lui parler de mon père et tenter de comprendre ce qui m'a toujours échappé. Je vais voir. Bises

estèf a dit…

Rien à voir. Côté mots, à droite sur le blog, le troisième lien n'est pas bon mais on comprend quand même comment faire pour aller à l'atelier...

Manu a dit…

Tu me diras ce que tu as choisi ? Moi aussi, j'aimerais bien saisir ce qui nous échappe...

Et je m'efforce de remettre d'aplomb les liens et la communication en général, dès que la rentrée est passée.

Merci de ton passage, Estèf.