7.3.17

1140 - Marraine-la-fée

et la nouvelle te tombe sur le coin de la, comme ça, le matin - ce matin où tu t'es levé gris et pourtant prêt à te couler dans le moule de ta vie, sans conviction peut-être mais sans vraie colère, tu t'es dit ça passera, encore un jour sans, un jour un peu moyen, juste attendre que le bleu revienne après la pluie,

et puis non, facebook te l'annonce (et tu en as marre de cette machine à annonces, et pourtant tu es reconnaissant de le savoir, de l'avoir su)

elle est partie, Marie, que j'appelais Marraine.

Un jour, je ne me souviens plus comment, elle m'a dit qu'elle aimait mes textes ; un jour, elle m'a montré un peu du métier d'auteur jeunesse.

 A un jour et quelques années près, nous étions jumeaux. Elle m'a offert un disque de Reggiani, un livre de recettes. Ma page Wiki, aussi.

Je ne sais plus ce que je lui ai offert.

On a pris ensemble des tisanes particulières ; on a beaucoup parlé. On a eu des projets, on a déménagé ; j'ai croisé ses enfants, un ou deux de ses amoureux - nous avons ri de sa vie, de sa liberté. Elle était une aventurière. Elle gardait au chaud une part de mystère, une part de douleur, derrière son sourire toujours doux, presque timide.

Un jour, je m'en souviens très bien, elle m'a appelé pour que je l'emmène au salon de Montgiscard.
- On peut prendre une copine ? a-t-elle demandé. Elle s'appelle Emmanuelle Urien.

Nous sommes partis tous les trois dans ma petite Fiesta. Sous la statue de Riquet, j'ai croisé pour la première fois le regard d'Emmanuelle. Le reste en a découlé. C'est de ce jour que Marie-Marraine est devenue Marraine la fée.

Et puis ? Et puis on s'est revus, et puis on s'est perdus de vue. On s'écrivait, heureusement. On échangeait des mails, des nouvelles, des cartes de vœux. Son dernier message m'annonçait un nouveau déménagement - je crois que je n'y ai pas répondu, la période était sombre pour moi, autour de la mort de mon père.

Ce matin, je ne me demande pas à quoi ça sert d'écrire. Je pense à ses enfants, à ce qu'il reste de nous quand nos parents s'en vont ; je pense que ça ne sert à rien d'envoyer des fleurs, mais que je veux le faire comme pour être là une dernière fois, t'écrire un dernier message ; te tenir la main pour boire un thé de sauge, t'entendre raconter une histoire l’œil pétillant, murmurer un je t'aime, te prendre dans mes bras.

à toi, Marie.

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