11.11.12

1020 - Un dimanche à la foire

Autoportrait en zone commerciale
1. Circonstances

Le gardien de nuit de l'hôtel doit me trouver sympathique car pour la deuxième fois - et malgré mon insistance hier soir - il a préféré me réveiller une heure plus tôt que demandé. Je profite donc pleinement de ce moyen petit jour avant de retourner à la Foire du livre de Brive, où je me sens comme un.

2. Le sens de la foire

G. ne dédicace que ses nouveautés - le libraire d'ailleurs n'en a pas commandé suffisamment, et 400 exemplaires s'écoulent. T. a vendu ses 200 romans, peut rentrer chez lui, l'âme satisfaite ; quant à H., il signe pour la foule l'ensemble de son oeuvre - star incontestée.
Sur ma table tout à l'heure, je trouverai 18 exemplaires à vendre dans la journée - en répondant au chaland qui parfois me demande, "alors qui êtes vous, et c'est quoi votre livre ?"
Va-t'en lui répondre. "C'est un roman fondateur, génial, passé inaperçu jusqu'à vous" ? " Une grosse daube ampoulée et mystique" ? "Rien qu'un premier roman d'un type qui fait des salons depuis cinq ans" ?
Et pourquoi pas "Un bout de ma colère, mes tripes avec des mots, un chemin qui rêve d'alléger la souffrance" ?
Quoi qu'il en soit, j'attends patiemment, entre une Emmanuelle et un vieux routard de l'édition BD. Face à nous, Valérie T., première dame de son état, apparaît parfois, escortée d'une escouade de rigolards vigilants. Passé les premiers moments de jalousie légère, d'agacement, je me demande ce qu'elle voit du monde, ainsi entourée d'un essaim qui écarte tout autour d'elle, comme les oeillères d'un cheval.
Et sinon : je m'use les yeux à regarder passer les passants, je respire, j'échange de temps en temps.
J'ai vécu pire.

3. La blague du vendredi

Oui, je sais, c'est dimanche, mais je n'ai plus le temps pour un poème, et vendredi je pleurais (quoique de façon sèche) et puis c'est comme ça.
Un très vieux couple entre chez le notaire ; l'homme lui demande d'entamer une procédure de divorce. Stupeur dudit notaire, qui tente de les dissuader. Explication du couple "Les enfants sont enfin morts".
A jouer avec une étincelle dans des yeux vieux, en incarnant les personnages de façon organique, en pensant à Jerzy Grotwsky.
(Et comme il est déjà tard, ce 3. suffira à indiquer mes pensées actuelles sur le théâtre et la mise en scène, sur le désir et ses vallées, sur la bonne nouvelle que m'annonce G., hier séparé, aujourd'hui reprenant les rênes ou le fardeau ou qui sait le chemin de son couple - longue vie à vous deux, jeune courageux - sur la poésie, sur les pièces en un acte de Sam Shepard, la condition d'écrivain débutant - le stade suivant d'écrivain en herbe, etc.)
Oups, le portier m'appelle, j'attelle, direction la foire.

A tout de suite ?

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