9.2.10

829 - MArdi, je ne te dis plus rien

1) Papa est maman

Rentré tard hier soir, d'une soirée cassoulet / studio ; je tombe sur ce post d'Oh concernant la parentalité, et, du coup, l'homoparentalité.

Et je réponds, en commentaire.
Je réponds non.

Non, Oh, tu n'aurais pas été un bon père.

Sans doute qu'une petite brute, en CE1, aurait expliqué à ton fils / à ta fille que d'avoir deux papas, c'était nul (le mot de CE1 pour anormal), et que quand ta maman était un homme, ça s'appelait un P.D (orthographe CE2). Et un PD, c'est quelqu'un qui s'ankul, ce qui veut dire qu'il embrasse d'autres hommes sur la bouche. Et c'est nul.

L'aurait un peu pleuré, ton gamin. Toi, tu aurais voulu lui expliquer que, le rendre fier de. Et peut-être, peut-être avec le temps, abordant la fin du lycée par exemple, il aurait fini par se trouver entouré d'amis pour qui la situation était, sinon normale, du moins compréhensible et admise.

Ca l'aurait fait chier, sur les papiers à l'école, quand il aurait fallu écrire profession du père / profession de la mère. Et tout ce genre de choses.

Et puis ton gosse, il n'aurait pas aimé l'opéra (en plus, sa présence t'aurait obligé à y aller moins souvent) ; sur son mp3, il y aurait eu Lady Gaga et du rap qui hurle que les keufs, c'est tous des pédés (insulte typique du collège) ; quand tu lui aurais proposé de faire la cuisine avec toi, il t'aurait regardé en soupirant, avec cette petite moue qui dit, "franchement, p'pa, c'est nul tes trucs de vieux, donne moi plutôt 10 keuss pour un macdo".

Plus tard, comme tu le dis, il t'en aurait voulu, soit de se découvrir hétéro, soit de se trouver pédégouine (insulte réjouissante niveau CP). Et puis plus tard, beaucoup plus tard, peut-être qu'il aurait fini par accepter que ses pères étaient ce qu'ils étaient, et que lui-même, bon, bin aussi au fond.

Non, Oh, tu n'aurais pas été un bon père.

En revanche, mon grand, tu es un homme honnête, plein d'intelligence, d'ouverture, de réflexion ; tu vis en couple avec une personne que je devine adorable, séropositivité comprise ; tu es à même d'imaginer les implications, pour un enfant, de ce que tu es, fais, vis, deviens.

Et c'est vraiment là que ça me défrise (oué, je sais, métaphore), ces lois sur la parentalité en général et l'adoption en particulier. Que trois mauvais psychologues érigés en législateurs décrètent, au mépris des évidences culturelles et historiques, qu'un enfant, ça se construit avec un papa et une maman (alors qu'un papa et une maman, ce n'est au fond que plusieurs images d'adulte) ; qu'on trouve envisageable qu'une mère adoptive soit diabétique, mais pas qu'un père soit séropo ; tout ça me semble relever, non pas de l'éthique, mais d'une douteuse moralité*.

J'en reviens à toi, Olivier : non, tu n'aurais pas été un bon père. En revanche, tu serais, sans conteste, un père, et avant tout un parent acceptable pour un enfant.

Il est encore temps. D'où le conditionnel présent plutôt que passé.

Après, bin, c'est toi qui vois. Moi, j'en profite seulement pour embrasser sur ce blog mon grand Poussin, qui tente encore d'imaginer deux couples de parents à son futur fils, et ma copine louve-garoute qui élève ses deux p'tits jumeaux au fin fond de la campagne, avec sa tendre et douce. Et il me tarde que nos enfants soient amis.



(*Note bien que les termes exacts de la loi, et son application pratique, peuvent être différents de ce que j'imagine ; mais je parle de représentation, et de la mienne en particulier, qui se fait à travers ce que je lis et connais des mes amis et proches concernés)

2) Trop forts, ces ricains
La confrontation empathique, vous connaissez ? Disons pour faire simple que c'est un mode de communication plus ou moins non-violent, où on exprime ses sentiments pour montrer à l'autre en quoi il peut nous blesser, nous gêner, mal nous comprendre, etc.

Il paraît que quand vous avez dans votre vie une personnalité narcissique (je crois que c'est le mot américain pour "casse-couille"), bin c'est le top. Au lieu de lui dire, "trésor, tu mes les haches menu à ne penser qu'à ton cul, si ça continue je me casse", vous communiquez en toute conscience, avec les mots, "Lorsque tu te comportes de cette sorte, Rick, tu me donnes l'impression de ne pas me considérationner assez et que je me sens méprisé ; aussi souhaité-je que tu changerais de manières, afin de me prouver suffisamment de respect, à défaut de quoi je préfèreras mettre un terme à notre relation."

Conclusion et moralité : il faut qu'on arrête de parler gras pour s'exprimer comme dans un épisode mal traduit de Desperate Housewives.

3) On n'est pas là pour Paul et Mickey
Pour ce qui est des rêves, j'ai toujours aimé les explications psychologico-rationnelles. Ainsi, si j'ai passé une partie de la nuit à me représenter l'audition de mardi prochain au Bijou tout en skiant en famille sur une montagne à la curieuse forme, c'est probablement que, Sigmund Freud ne me démentira pas, le cassoulet des Deux Petits Cochons était particulièrement réussi.

Néanmoins, cela n'explique pas pourquoi je me suis retrouvé aux premières lueurs de l'aube à imaginer confectionner un T-Shirt portant une photographie de M'sieur Sarkozy (si possible type Polaroïd prise en lègère contre-plongée et en oblique) au-dessus du slogan "Le mouvement des jeunes catholiques de centre modéré soutient Ronald Mc Donald".

Le pire, c'est que je ne fume plus, depuis au moins une semaine.


4) Qui a vécu par l'épée...
Ce serait un peu triste, s'il ne s'agissait de Terry Pratchett, l'homme qui a écrit la plus belle Mort, à ma connaissance, de toute la littérature.

2 commentaires:

Oh!91 a dit…

Tu sais quoi ? Non seulement je ne suis pas père, et ne suis pas prêt de le devenir, les obstacles sont trop hauts, et mon envie trop ténue pour que l'une s'accommode des autres. Mais je ne suis pas non plus grand frère, ç'aurait pourtant été un juste milieu... C'est marrant, je crois que j'aurais été un bon grand frère. Enfin, un grand frère "acceptable". Mon petit frère m'aurait agacé de son talent, de sa réussite et de son apparente simplicité. Il m'aurait énervé de ses caprices et de ses doutes. Il m'aurait réjoui de sa vision ouverte du monde. Il m'aurait chaque matin réconcilié avec l'humanité. Il m'aurait obligé à partager sans avoir à prendre sous mon aile et m'aurait rendu humble. Il aurait été un peu quelqu'un comme toi, tiens...
Ca aussi, il est encore temps ?

Manu Causse a dit…

Peut-être bien. En tout cas, c'est flatteur.
Rougis-je.